Dialogue

Le chien qui aboie :
- Qui m’entend dans ma solitude, la truffe collée au carreau ?
La femme qui pianote :
- J’entends ton appel, ton envie de douceur qui frissonne sous la brume.
Le chien qui aboie :
- Ma peau tressaille sous la blancheur, déjà ma vie décline et j’ai peur…
La femme qui pianote :
- J’ai peur moi aussi, dans ma solitude emmurée. Dehors, les cyprès bleuissent.
Le chien qui aboie :
- Je crie, et la porte reste close. Seul je demeure , comme un timbre poste que l'on colle sur l’absence.
La femme qui pianote :
- Tes mots fracassent mes oreilles, et celles de ton maître aussi. Ils disent la vieillesse, et l’odeur d’un corps qui flétrit, ils disent : la fin est proche…, tes mots qui nous éclaboussent de vérité. Tu es notre miroir. Ces mots qui nous font mal aux yeux, nous n’en voulons pas. Derrière la porte, les repoussons.
Le chien qui aboie :
- Aux côtés de mon maître, j’ai passé ma vie. Ses peines, les ai portées, ses joies, tant célébrées. En tous lieux de sa vie, je fus fidèle compagnon. Que sera-t-il au seuil de l’ultime voyage, quand silence plane en sa demeure ? Une présence, une caresse, n’adoucissent-elles point le dernier soupir ?
La femme qui pianote:
- Certes. Tes mots sonnent vrai. Entre donc, toi et tes misères. De ta mort, peu à peu, nous accoutumerons, ainsi que de la nôtre, en cet automne qui affleure.
* D'après une idée de Impromptus littéraires.